Les mariniers considéraient qu’après avoir descendu les 300 mètres de rapides du seuil de Bellevue ils quittaient la grande rivière pour entrer dans l’estuaire maritime marqué par les nombreux navires de haute mer mouillant dans le port de Nantes.
Au 19e et au début du 20e siècle, l’ancien port colonial de Nantes constituait toujours un pôle économique majeur de la façade atlantique. Mais l’accès des navires hauturiers était rendu de plus en plus difficile par l’augmentation constante de leur tirant d’eau à travers un lit encombré de bancs de sable et d’îles. Suite à l’insuffisance rapide du canal maritime entré en service en 1892 après 10 ans de travaux, il a été décidé dès 1903 de resserrer l’estuaire dans un chenal unique et de créer un bassin de marée en amont de Nantes pour provoquer un effet de chasse d’eau... Ces aménagements radicaux par endiguements, remblayages et dragages se sont poursuivis tout au long du 20e siècle et se poursuivent encore en particulier dans le chenal de Donges maintenu à près de 13 m de profondeur (Cote Marine). Désormais, le marnage à Nantes est devenu équivalent, sinon supérieur, à celui de St Nazaire...
Après l’effondrement du niveau des basses mers à Nantes (près de 4 m depuis 1900), le seuil naturel de Bellevue, en rive droite, constituait la dernière marche de transition avant l’estuaire surcreusé, évitant ainsi la chute de la ligne d’eau de la section amont, également surcreusée par les dragages de sable. Mais le seuil constituait aussi une entrave pour la navigation aux basses mers, en particulier pour le transport pétrolier entre Donges et Bouchemaine. A la demande des tenants de la navigation commerciale, des travaux d’amélioration furent engagés en 1967-68 par le déroctage de deux promontoires en amont et en aval du seuil. Devant le peu de résultats, les services de l’État ont décidé en interne, sans enquête publique, de détourner le chenal en rive gauche sur d’épaisses alluvions à l’écart de l’affleurement rocheux, ce qui équivalait de fait à la suppression du seuil en 1976... D’autres points hauts sont aussitôt apparus plus en amont, conduisant encore à la suppression de seuils (Folies Siffait) et à l’effondrement de la ligne d’eau du fleuve.
Au cours de la réunion organisée par les associations "Histoire et Patrimoine du Cellier" et "Comité de la Loire pour demain", seront exposés les différents faits historiques, leurs conséquences et un large temps d’échanges sera réservé sur la reconstitution du seuil de Bellevue, la clé de voûte du programme de rééquilibrage de la Loire armoricaine.
12 h à la salle Louis de Funès
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